Pour aller chercher mon premier panier bio, j'ai enfourché mon vélo, sans emmener ni sacoche ni sac à dos. Il s'est vite avéré que c'était une mauvaise idée.
Jérôme se souvient très bien de la remise du premier Panier Bio en janvier 2007. En effet, ce fut toute une affaire pour transporter le cabas contenant les "12 kilos de produits bio, locaux et de saison pour 80.-" - soit l'idée des créateurs de Notre Panier Bio pour montrer que les produits bio étaient abordables.
Abonné de la première heure, Jérôme Gosteli s'est illustré de manière inhabituelle dans la bonne marche de Notre Panier Bio: pendant près de 4 ans, il a littéralement porté votre panier bio à bout de bras, faisant chaque semaine le porte à porte des points de distribution.
Lorsque Notre Panier Bio annonce avec fierté le nombre de tonnes de produits livrés annuellement, dans l'esprit de Jérôme, cela prend une résonnance particulière: ce sont 65 tonnes de marchandise qu'il a dû transporter à bout de bras cette année-là! Être livreur du Panier Bio n'est pas une mince affaire et requiert un entraînement certain.
Pour me raconter son expérience de livreur du panier bio et son parcours de vie, Jérôme m'invite un soir de novembre à partager un repas chez lui, où sa compagne Marie-France nous accueille naturellement avec une recette du Panier Bio: la salade tiède de potimarron sur boulgour. Nous nous régalons de ce plat d'automne, et même leur petit Arthur, 16 mois, est inspiré par le délicieux repas.
Abonné de la première heure
Sur la soixantaine d'abonné-e-s de la première heure, la moitié sont encore membres de Notre Panier Bio. Jérôme fait partie de cette volée de clients fidèles et satisfaits.
"Cet automne-là, à côté de mon job à 80% d'opticien, je profitais de mon lundi de congé pour faire autre chose: je ramassais les pommes à la ferme de la Cigale à Granges-Paccot. C'est là que j'ai entendu parler du projet du panier, que j'ai trouvé tout de suite très intéressant."
"12 kilos de produits bio pour 80.-"
Il se souvient très bien de la remise du premier Panier Bio en janvier 2007. "Pour aller chercher mon panier, livré à la Cigale, j'ai simplement pris mon vélo, sans emmener ni sacoche ni sac à dos - j'habitais à Belfaux à l'époque. Il s'est vite avéré qu'avec les 12 kilos contenus dans le cabas, c'était une très mauvaise idée. Je ne me souviens plus exactement comment je suis rentré mais je me souviens que ça été pénible!" "12 kilos de produits bio, locaux et de saison pour 80.-": l'idée des créateurs était de montrer que les produits bio étaient abordables. Cette manière locale et bio de consommer fait sens pour Jérôme.
Trouver le sens
Trouver du sens à ce qu'il fait et à la manière dont il vit est une évidence pour Jérôme. Si aujourd'hui, il se décrit comme un "artisan photovoltaïque par conviction", il a franchi plusieurs étapes professionnelles pour se rapprocher au maximum d'une existence qui corresponde à ses valeurs. Après sa formation d'automaticien, il choisit de devenir opticien, afin de lier la technique qui le passionne tout en faisant un métier proche de l'humain. Mais après quelques années dans le métier, devenu selon lui un "vendeur de lunettes", il a envie de plus.
Artisan photovoltaïque par conviction
Concerné par l'environnement autant que par la consommation d'énergie, il s'intéresse alors aux métiers en lien avec les énergies renouvelables et se forme comme technicien-ingénieur en panneaux solaires dans une grande entreprise à Lausanne. Cependant, les longues distances effectuées (souvent jusqu’à Genève) depuis Romont commencent à l’user. Il décide de retrouver quelque chose à une échelle plus humaine, plus locale aussi. Mais à ce moment-là, en 2010, les petites entreprises actives dans le solaire ne sont pas légion. Il continue de chercher, épris d'éthique et d'écologique. C'est ainsi qu'on le retrouve en stage chez notre maraîcher Urs Gfeller, où il devient notre livreur.
iZY SOLAIRE
Comment en es-tu venu à créer ta propre entreprise active dans le solaire?
"J'avais pris un petit véhicule électrique, une Renault Twizy. Comme cela ne faisait pas de sens pour moi de la faire fonctionner au nucléaire, j'ai pensé lui installer un panneau photovoltaïque pour compenser la recharge. Du coup, cela m'a donné l'idée de base de l'entreprise: installer de petits kits de ce style. Finalement, je m’occupe aujourd'hui plutôt d’installations sur des maisons, existantes ou neuves."
Réduire notre consommation d'énergie
Mais pour Jérôme, on peut retourner le problème dans tous les sens: ce n'est qu'en réduisant la consommation d'énergie qu'on pourra garantir un futur à notre planète. A son avis, les gens devraient bien réfléchir à ce qu'ils consomment, notamment avec tous les nouveaux produits énergivores qu'on nous propose ("A-t-on vraiment besoin d'une tablette? puis d'une deuxième voire d'une troisième? Doit-on vraiment prendre l’avion pour un week-end dans une ville européenne?"). Parallèlement, pour ce qui touche l'énergie indispensable à un certain confort dans nos vies, il est convaincu que les énergies renouvelables doivent être privilégiées. "Et pour faire vraiment avancer les choses, il faut se focaliser sur les petites actions, qui sont des succès locaux, comme le Panier Bio, qui commence avec 50 membres et en compte 560 huit ans après."
Depuis quelques temps, Jérôme ne livre plus les paniers. Son entreprise marche bien et il n'arrive plus à conserver les deux jobs. Petite pensée pour son remplaçant: il reste abonné au Panier Bio dans sa version carnée, nettement moins lourd que le Panier Bio végétarien.
Marlyse Décembre 2015
12 kilos de produits bio, locaux et de saison pour 80.-, le slogan des créateurs de Notre Panier Bio, afin de montrer que les produits bio sont abordables.